L'histoire lunaire de la falaise en forme de pudendum féminin, dans le gewog de Jamkhar - Exquisite Bhutan
L'histoire lunaire de la falaise en forme de pudendum féminin, dans le gewog de Jamkhar

L'histoire lunaire de la falaise en forme de pudendum féminin, dans le gewog de Jamkhar

16 janv. 2019

L'escarpement est surnommé « Baga de Nangkhar Ama », en français : le pudendum d'Ama Nangkhar, autrement dit son organe génital. Il tire son nom de la forme d'une fissure murale trompe-l'œil qui se trouve à l'intérieur du gewog de Jamkhar, dans le village de Nangkhar.

De nombreux mythes, chacun unique en son genre, gravitent autour de cette particularité géologique. Mais tous ont pour point commun la présence d'Ama Nangkhar, considérée comme, à l'époque, la plus belle femme de la région, et qui a donné son nom au village. Cette légende ne met d'ailleurs pas tout le monde à l'aise dans cette commune du district de Trashiyangtse. Les hommes aiment en discuter et en rire quand les femmes, gênées à souhait, évitent le sujet coûte que coûte.

 

L'histoire lunaire de la falaise en forme de pudendum féminin, dans le gewog de Jamkhar
©Younten Tshedup - Kuensel

 

Un combat de géants

L'un des quelques récits largement acceptés par l'opinion publique remonte à l'époque mythologique où les géants vivaient avec les humains sur Terre. Chaque mansang, comme ils sont appelés au Bhoutan, représentait un pays du continent. Une guerre, sous forme de jeux féroces, éclata entre celui du Tibet et du Bhoutan.

 

Le géant tibétain a lancé, pour la première épreuve, un sac de blé pour que son homologue puisse le compter. Le géant bhoutanais a complété le décompte avec succès et a envoyé en retour un sac rempli de sarrasin. Le géant tibétain n'a pas pu compter toutes les céréales et a perdu cette épreuve.

 

Au deuxième tour de la compétition, le mansang tibétain a donné à son adversaire une corne de mouton frisée pour qu'il la redresse, droite. Le Bhoutanais a une fois de plus réussi en trempant la défense dans l'eau chaude pour la dérouler. Ce dernier tendit à son tour une bourse nouée à outrance pour que le Tibétain défasse le nœud. Cela fut un échec à nouveau. L'eau bouillante brisa le récipient.

 

Fatigué de ses deux défaites, le géant tibétain décida de provoquer son homologue bhoutanais en duel de force. Ce dernier accepta. Il l'invita donc à le rejoindre dans un village du gewog de Jamkhar. Il s'avère être Nangkhar, mais inconnu sous ce nom à l'époque. La ravissante Ama Nangkhar avait été choisie pour accueillir comme il se doit le mansang tibétain. Mais elle n'avait que faire de l'arriver du mastondonte étranger et a préféré prendre sa douche plutôt que de lui souhaiter la bienvenue.

 

Un ancien de Jamkhar, Dorji, s'est vaguement souvenu de l'histoire racontée par son arrière-grand-père au micro de Younten Tshedup, journaliste de Kuensel, un média bhoutanais. « Le mansang était furieux de voir Ama Nangkhar lui manquer de respect. Il lui a alors arraché le pudendum et l'a fracassé sur la falaise de l'autre côté de la rivière. L'organe génital est resté comme symbole du manque de respect de cette femme à l'égard du géant. »

 

Une histoire extraconjugale

L'histoire des géants est « celle que la majorité des anciens partagent avec les jeunes » concède l'homme de 72 ans. Mais selon un autre récit, la forme de la falaise se serait formée lorsqu'Ama Nangkhar sculpta son propre sexe pour éviter une dispute imminente entre son mari et un amant secret avec qui elle avait eu une liaison. Une forme d'auto-sacrifice. Son conjoint Khochey Nangkhar voulait s'opposer à Khochey Dhungro, un homme riche d'un village voisin, qui avait entretenu une relation secrète avec Ama. Elle a, par ce sacrifice, empêché une guerre et un massacre certain entre ces deux villages.

 

D'après Dorji, une histoire est cependant avérée. Dans le passé, les fermiers du village utilisaient la fissure comme horloge. « On n'avait pas de montres à l'époque », assure-t-il. À 13h30 exactement, le soleil projète une ombre sur l'emplacement de l'allégorie du pudendum de la falaise. Un signe pour les villageois de partir en pause déjeuner.

 

Thibault Bourru

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